Stéphan Bourcieu
Président du directoire de BSB
Auditeur de la Session Annuelle 12
L’ENSEIGNEMENT ET L’ENTREPRISE COMME FIL CONDUCTEUR D’UNE PASSION AU SERVICE D’UN TERRITOIRE
Nous avons d’abord songé à nous déployer à l’International . […] le potentiel de marché local était important et l’attractivité international pouvait être construite sur place
Qui es-tu ?
Je m’appelle Stéphan Bourcieu, j'ai 51 ans, je suis marié et j'ai 2 enfants. J'ai un Doctorat en Science de Gestion de l'Université Jean Moulin Lyon 3. Je suis professeur de stratégie et Président du directoire de BSB (Ecole de management basée à Dijon, Lyon et Paris) depuis bientôt 17 ans. BSB est une Grande Ecole de management qui accueille plus de 3 200 élèves au niveau Bachelor, Master, MBA. Nous sommes accrédités par les trois principaux organismes internationaux (AACSB, EQUIS et AMBA) ce qui fait que nous sommes membre du club très fermé des 120 Business Schools dans le monde (sur 15 000) qui possèdent la « Triple Couronne ».
Quel est ton parcours ?
J’ai commencé ma carrière comme Directeur délégué chez un constructeur de matériels de réfection des routes (SECMAIR) en Mayenne. Cela m’a amené à développer des activités industrielles dans l’ex-Union Soviétique. Cela tombait bien parce qu’en parallèle j’avais engagé ma thèse de doctorat sur le développement des PME françaises dans les Pays d’Europe Centrale et Orientale. Après quelques années, j’ai rejoint le monde académique, d’abord à Audencia Nantes comme Directeur adjoint en charge des MBA et programmes internationaux. En 2004, j’ai soutenu mon Doctorat en Science de Gestion à l'Université Jean Moulin Lyon 3 et j’ai enchainé par un programme à la Harvard School of Education (MDP-Management Development Program). A partir de 2006, j’ai rejoint l’ESC Dijon comme Directeur général. L’école a beaucoup évolué en 17 années : elle a changé de nom pour devenir BSB, de statut juridique, de taille, de reconnaissance, etc. Elle est devenue un outil incontournable de rayonnement du territoire.
Quel Impact la Session Annuelle de l’IHEE a-t-elle eu pour toi ?
Elle m’a permis de confronter ma vision de l’économie et du management des entreprises (vision à la fois académique et de dirigeant d’entreprise) avec des participants d’horizons très divers : militaires, politiques, fonctionnaires, syndicalistes, journalistes, cadres de grandes entreprises, etc. Les visions étaient parfois très divergentes mais les débats passionnants. Pour l’anecdote, l’un des participants avec lequel j’ai plus discuté et appris était Philippe Texier, membre du Bureau National de la CGT. Étant très libéral dans ma vision de l’économie, ce n’était pas évident que cela matche entre nous deux et pourtant nous nous sommes très bien entendus. Le fait que nous soyons tous les deux passionnés de rugby a aussi créé un lien. J’ai beaucoup appris de nos discussions. Et 10 ans aujourd’hui Philippe intervient régulièrement à BSB pour parler du dialogue social.
As-tu une anecdote liée à l'IHEE à nous raconter ?
Une anecdote sérieuse. J’avais été bluffé par le remarquable travail du Directeur de l’Oréal en Inde (présent depuis 15 ans sur place à l’époque) pour intégrer toute la complexité du rapport des Indiens aux produits de beauté et aux habitudes de consommation (adaptation des packagings, des modes de communication, de valorisation). L’exposé qu’il nous avait fait était passionnant et on sentait tout le vécu qu’il y avait derrière.
Une anecdote moins sérieuse, toujours en Inde : les courses de rickshaws (les voiturettes taxi) dans les rues de Bengalore un soir assez tard en rentrant du restaurant. Je me demande encore comment nous n’avons pas fini sur le toit ou dans la vitrine d’un commerce.
Tu as publié un ouvrage consacré à Lyon (« J’ai toujours préféré la Rue Edouard Herriot », aux Editions Baudelaire) et qui renvoie à ta passion pour cette ville. Que représente t’elle pour toi ? Qu’est ce qui t’a conduit à écrire ce livre ?
Je suis lyonnais et amoureux de ma ville depuis 50 ans. A un moment donné je me suis retrouvé à lancer une réflexion en l’air lors d’une promenade. De fil en aiguille j’ai décidé de creuser le pourquoi je préférais une rue de Lyon (la rue Edouard Herriot) à une autre pourtant plus célèbre (la rue de la République). Partant de là, j’ai eu envie de partager mes réflexions, mon amour de Lyon, ma connaissance de la ville, de parler de lieux connus ou moins connus, d’évènements incontournables ou oubliés, de personnalités célèbres ou inattendues. Ça m’a permis de redécouvrir ma ville, de la regarder sous un angle nouveau mais aussi de me replonger dans le passé.
Tu as créé à Lyon un deuxième campus. Est-ce qu’il y a un lien ? Qu’est ce qui a motivé cette implantation ?
Je précise tout de suite qu’il n’y a pas de lien entre ma passion pour Lyon et ma décision d’y implanter BSB. L’ESC Dijon a été créée à Dijon en 1899. Il a une dizaine d’année est né un besoin de croissance de notre école, devenue BSB. Nous avons d’abord songé à nous déployer à l’International. On a pensé à Shanghai, Casablanca puis on s’est rendu compte qu’il n’y avait pas de Bachelor de Grande Ecole de management à Lyon et que cela pouvait être une opportunité pour nous : le potentiel de marché local était important et l’attractivité internationale pouvait être construite sur place. Nous avons ouvert le campus lyonnais en 2013 avec seulement 14 étudiants. Nous avons grandi pas à pas pour atteindre 250 élèves en 2019. L’accélération a vraiment eu lieu depuis deux ans puisque nous accueillons désormais 840 étudiants (dont 100 étrangers). Notre attractivité est telle que nous venons de lancer la construction d’un nouveau campus. Le chantier est en cours. En 2025 nous aurons un campus neuf de 10 000 m2, à même d’accueillir à terme 2 500 étudiants dont 1 000 internationaux. Nous aurons alors atteint notre vitesse de croisière avec 2 500 étudiants sur le campus de Dijon et 2 500 à Lyon.
Il est rare de consacrer 17 ans au même projet comment expliques-tu cela ?
Ce n’était pas dans mon plan de carrière. Quand je suis arrivé à Dijon en 2006 je pensais rester au mieux 5-6 ans ce qui est la durée moyenne d’exercice de telles fonctions de direction. Le fait est qu’il y avait une ambition à construire et que depuis 17 ans nous n’avons jamais cessé de renouveler cette ambition, de progresser et de faire rayonner l’Ecole au service de notre territoire (Dijon, la Bourgogne et maintenant Lyon). En 2006 l’ESC Dijon comptait 1 100 élèves et avait un caractère plutôt régional. Aujourd’hui nous comptons 3 200 élèves dont près de 1 000 internationaux avec des campus à Dijon, Lyon et Paris (qui accueille une cinquantaine d’étudiants spécialisés dans le management des arts et de la culture). Si j’ai pu rester sur une période aussi longue et que je prends toujours autant de plaisir, c’est que le projet n’a cessé de se renouveler et d’offrir de nouveaux challenges avec une équipe formidable.
Interview réalisée par Eric Fouache, Professeur de Géographie Physique et Géoarchéologie à Sorbonne Université, membre Senior de l’IUF, auditeur de la Session Annuelle 2 et Membre du bureau IHEE Connect.